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Escapades.
20 avril 2023

Désaccord tenace.

Pour le Défi du Samedi. Le mot : sacripant.

 

Désaccord tenace.

 

A la campagne les querelles entre voisins perdurent souvent pendant des générations . Querelles pour des histoires de bornage, de prise d'eau, de partage aussi entre héritiers d'une même famille. Elles occasionnent des brouilles coriaces et des rancœurs larvées qui ne demandent qu'à éclater au moindre prétexte.

Point n'est besoin d'aller bien loin pour qu'exista un mur de la discorde dans mon village comme celui voulu par un certain personnage entre les USA et le Mexique. Oh bien sûr un tout petit mur, à l'échelle du hameau !

Vous connaissez Fernand et sa couardise. Oui, Fernand, le mari de la Guite. Peureux mais rusé comme une fouine et surtout rancunier comme la mule du pape. Il en voulait à sa sœur qui avait hérité d'une parcelle de terrain en bordure de route et proche de sa maison. Il lorgnait depuis toujours ce lopin de terre pour en faire son jardin mais on ne discutait pas alors le choix des parents lors de la répartition des parts.

Du vivant de son aînée il avait fait profil bas et s'était accommodé de la chose. En apparence tout allait bien dans la fratrie. Mais Fernand n'oubliait pas. Il était persuadé qu'il avait été floué et ça le mettait en rage chaque fois qu'il passait devant le jardin de sa sœur. Il se trouve que son beau frère Henri avait construit un mur en pierres sèches pour isoler son lot de la route et aussi de la maison de Fernand. Ce qui ne fit qu'aggraver le ressentiment de ce dernier. Il passait de plus en plus souvent par là depuis que la faucheuse avait emporté sa « pauvre parente. » Il voulait absolument prendre sa revanche en démolissant ce mur. C'était devenu une obsession mais il n'osait quand même pas le faire lui-même.

Il chercha comment mettre son plan à exécution et une idée germa dans son esprit. Il allait utiliser la petite troupe de gamins qui empruntait chaque soir ce trajet en rentrant de l'école. Il se posta un jour devant la muraille et attendit. Il avait pris soin auparavant de glisser quelques pièces entre les pierres disjointes. Pièces des années 1920 trouvées dans le grenier de la maison familiale.

Les enfants l'aimaient bien car le bonhomme n'hésitait pas à taper dans le ballon avec eux. Ils s'approchèrent pour le saluer comme d'habitude. Fernand leur montra alors une pièce bien astiquée, brillante comme un soleil. Il expliqua qu'il venait de la ramasser là, tout près du mur d'Henri. Il ajouta perfidement qu'elle avait sûrement beaucoup de valeur. Il n'en fallut pas davantage pour que les garnements commencent à enlever des pierres et tombent, bien entendu sur quelque monnaie. Fernand avait réussi son coup : tous les soirs, les écoliers s'appliquaient à faire dégringoler la murette. Il surveillait l'opération de loin et jubilait.

Henri ne tarda pas à s'apercevoir du larcin. Il courut après les gosses et manqua de s'étouffer en hurlant : « sacripants, vous allez me payer ça. » Je dis « sacripant » pour faire plaisir à Walrus mais Henri avait un autre mot ! La maîtresse d'école le vit arriver le lendemain. Les enfants, tout penauds dirent qu'ils cherchaient un trésor dans le mur d'Henri et d'ailleurs ils avaient déjà trouvé des pièces en or. Innocemment ils claironnèrent que Fernand, le premier, avait découvert le filon. Tout s'expliquait. Surtout pour Henri.

En guise de punition la maîtresse ordonna aux enfants d'aider Henri à reconstruire son mur. Quant à Fernand, son beau frère s'en occupa et ça se passa mal pour lui. Très mal. Même la Guite s'en mêla et tança vertement son homme en lui disant qu'il était plus bête que les gosses et qu'il lui faisait honte.

Qui fut chocolat dans l'histoire ? Au fait : joyeuses Pâques à tous et n'en mangez pas trop...de chocolat !

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