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Escapades.
4 mars 2024

Barbichet et autres coiffes.

Pour le Défi du Samedi. Le mot à  inclure dans le texte : épilation.

 

Barbichet et autres coiffes.

 

S'il est un poil pour lequel l'épilation n'a pas lieu d'être c'est bien le cheveu. Même traité selon les modes du moment : coupé, rasé, teint ... on ne l'arrache pas. A moins d'être dans la déconfiture ou le mal être comme les gens atteints de trichotillomanie.

 

Je vais m'attacher à parler du cheveu et du barbichet. Par ma barbe Walrus sera content puisque on retrouve du poil dans mon appellation. Cette célèbre parure - car vraiment c'en est une - et très belle - ne se porte aujourd'hui que pour les manifestations folkloriques limousines. Rendons à César... : son nom en langue d'oil nous vient il paraît de la Flandre. A preuve qu'en Limousin nous ne rechignons pas à adopter des mots venus d'ailleurs quand ils nous plaisent.

 

Dans les campagnes, les grands-mères ne seraient jamais sorties « en cheveux». Bonnets à brides nouées sous le menton, mouchoirs de tête à larges carreaux, pailholes faites de paille tressée et ornées d'un ruban de velours noir portées par les très pauvres et les veuves – sans ruban dans ce cas - foulards, couvraient leur tête les jours ordinaires. Plus tard, elle remplaceront ces couvre-chef par des chapeaux. Les dimanches et jours de fête elles arboraient, pour les plus aisées, la coiffe blanche reçue pour leurs noces, le barbichet. Il est formé de trois parties : le basin en mousseline pour le chignon, un nœud de satin à la base du basin terminé par deux longs rubans qui tombent dans le dos et enfin les barbes – d'où son nom – deux larges bandes bordées de dentelle sur tulle parant les côtés du visage. Bien sûr toutes ces pièces assemblées et amidonnées sont richement brodées.

 

Si j'évoque ici le barbichet c'est que les femmes, jusqu'aux années 1900 et même après, cachaient ce qui faisait parfois leur beauté : leurs cheveux. Il était inconvenant et même quasiment infamant de laisser dépasser le moindre poil. Impensable d'aller tête, bras et jambes nues lors de sorties. Et les sorties étaient souvent dominicales et commençaient par l'église et la messe du dimanche. Ce qui m'intriguait étant gamine était de voir les femmes entrer la tête couverte et les hommes ôter leurs chapeaux ou bérets dès le porche. Va comprendre Charles les doctrines religieuses ! Surtout quand elles qualifient d'érotique la chevelure féminine.

 

Les cheveux pour la femme étaient d'une grande importance. Leur seule richesse parfois. On imagine aisément la mortification de celle qui devait se découvrir dans une foire pour que le marchand soupèse et évalue sa chevelure qu'il coupait ensuite sans ménagement. Vendre ses cheveux : à la fois une nécessité et une honte. Aujourd'hui tout cela est possible sans poser de problèmes particuliers. Les professionnels en font des perruques ou des extensions capillaires profitant à certains malades dont les traitements condamnent la chevelure.

 

La chevelure, emblème de féminité. Combien de femmes ont été tondues en public et exhibées après la guerre au moment des règlements de compte ? Il fallait les atteindre dans ce qui était supposé leur pouvoir de séduction. Cette punition à connotation sexuelle dans une société misogyne, était infligée sous les quolibets, les injures et les crachats. Les justiciers – qui parfois n'étaient eux-mêmes pas sans tache, se faisaient un devoir sadique d'humilier ces femmes qui avaient collaboré avec l'ennemi, sans procès, juste après des dénonciations justifiées ou non.

 

Les coiffes figuraient l'identité sociale et régionale. Avec la disparition progressive de la ruralité et l'apparition, facilitée par plus d'échanges, des modes internationales, ces symboles d'appartenance à un terroir se meurent et relèvent de nos jours uniquement du folklore.

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