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Escapades.
8 avril 2024

Veillées d'enfance.

Pour le Défi du Samedi. Le mot : jacquet.

 

Veillées d'enfance.

 

Je ne suis pas une adepte des jeux de table tels que les dames, l'oie, le jacquet dont je n'avais jamais entendu parler. En revanche, j'aime bien les jeux de cartes. Ils me rappellent mon enfance et les veillées d'hiver en famille, entre voisins ou amis.

 

C'était la fête le samedi soir. On invitait un ou deux couples du village pour partager la soirée ou bien on se rendait chez eux. Mais finalement, c'était un peu la routine pour moi, même si cela égayait la fin de semaine.

 

Je me rappelle surtout les visites chez un oncle et une tante qui habitaient à une douzaine de kms de la maison. Bien sûr, nous ne nous y rendions pas à pied. Mes parents ne possédant pas de voiture faisaient appel à notre ami Jean toujours prêt à rendre service.

 

Les préparatifs étaient déjà le début de l'aventure. Il fallait bien se couvrir car la vieille guimbarde de Jean était une bétaillère bâchée, ouverte à l'arrière qui servait à conduire les animaux à la foire. Jean posait une banquette défoncée à même les planches. Nous nous installions dessus, mes frères, ma sœur et moi, pelotonnés sous une couverture que maman avait pris soin de nous donner. C'était grisant de regarder défiler la route éclairée par la lune et les étoiles. Un peu mystérieux aussi. Nous n'aurions pas laissé notre place aux adultes pour un empire. Personne ne parlait mais nous étions tellement bien, là, la fratrie, tous ensemble ! On pouvait rêver voyages comme moi, se faire délicieusement peur ou bien simplement se laisser bercer par le ronronnement de la camionnette. Personne ne dormait. Il ne fallait pas en perdre une bribe .

 

Le trajet ne durait pas longtemps. Un grand feu dans le cantou – l'âtre – nous attendait chez nos oncle et tante. C'était agréable de se réfugier dans un coin bien chauffé. Tout le monde était heureux de se retrouver. Les adultes bavardaient, commentaient les nouvelles, assis sur les coffres en bois qui meublaient la grande cheminée. Nous, les enfants ne restions pas longtemps en place. Nous allions dans les chambres des cousins et cousines et les jeux pouvaient commencer. Nous, les filles comparions nos toilettes, échangions des secrets de filles, lisions. Les garçons chahutaient, jouaient à la guerre avec des soldats de plomb et ne manquaient pas de se battre à l'occasion.

 

Après les parlottes les adultes passaient aux choses sérieuses. Ils prenaient place autour de la table de la cuisine où était déjà posé le tapis vert et le jeu de cartes. S'en suivaient des parties de belotte ou de manille coinchée très animées. Maman, qui n'aimait pas perdre bougonnait pour la forme. L'oncle Louis, un peu farceur, faussait quelquefois le jeu et les femmes, maman et tante Ida qui faisaient équipe contre les hommes, menaçaient de jeter les cartes. On riait beaucoup. J'adorais suivre le jeu. L'ami Jean somnolait devant les flammes et sursautait aux éclats de voix, ce qui nous amusait bien entendu.

 

Les heures passaient très vite dans cette ambiance chaleureuse. Tante Ida donnait le signal. On rangeait les cartes. Personne n'aurait laissé partir ses invités sans les nourrir. C'était impensable et cela prolongeait la soirée de façon festive. La grosse tourte de pain de campagne était mise sur la table avec des charcuteries diverses et du fromage, le tout maison. S'en suivait un énorme clafoutis aux cerises. On buvait du vin ou du cidre et de l'eau légèrement colorée pour les enfants. Un bon casse croûte apprécié par petits et grands.

 

Après une tisane bien chaude, on reprenait la route pour la maison. L'excitation tombait et nous nous écroulions sur la mauvaise banquette, à l'arrière de la fourgonnette de Jean, recrus de fatigue. Il fallait nous secouer à l'arrivée et se mettre au lit s'avérait difficile.

 

Que de merveilleux souvenirs je garde de ces moments où les échanges étaient empreints d'amitié, d'affection. Tout n'était pas rose bien sûr et il s'en faut mais au moins les liens qui nous unissaient étaient tellement importants que l'on savait pouvoir compter les uns sur les autres sans la moindre faille. Les veillées d'hiver étaient une véritable institution que tout le monde appréciait dans les campagnes corréziennes et sûrement ailleurs. Que sont-elles devenues ?

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Commentaires
J
Ah oui, je me rappelle que nous, quand nous allions voir ma grand-mère, à 8km de mon village, on prenait la charrette, conduite par ce cher âne Queuequeue (nommé ainsi par moi, car il n'avait plus de queue)...Ca aussi, c'était de bons souvenirs...Sinon, nous allions "à patte" à la ferme de mon oncle, à 2km de la maison familiale. Nous aussi, rentrions à travers champ dans la nuit et j'aimais aussi beaucoup ça....
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J
J'aime tes souvenirs. Ils sont aussi les miens...J'en parlais justement, il y a peu, lors de l'enterrement d'une tante qui avait perdu, elle, tous ses souvenirs avec l'Alzeimer...Quelle tristesse de perdre ses jolis souvenirs !...Moi aussi, je me rappelle de ces soirées dans la ferme de ma tante ou chez nous...Nous étions heureux de revoir nos cousins. J''étais contente de voir ma mère dans ses bons jours...Ca jouait ferme à la belote, ma mère adorait ça....Par contre, avec nos enfants, ça finissait toujours en eau de boudin avec mon fils ainé, aussi mauvais joueur que moi...Il l'est resté, tandis que moi, maintenant ça m'est égal de perdre..Nous disions justement avec mes cousines que c'était bien triste de ne nous retrouver maintenant qu'aux enterrements, puisqu'il n'y a plus de grandes réunions familiales, parties après le décès de mon cher oncle dont j'ai parlé souvent....Plus personne n'a le courage d'entreprendre de réunir la Grande famille. Maintenant, on se retrouve en petit comité. Bonne journée...
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Y
Merci Julie de venir ajouter tes souvenirs aux miens. C'est l'apanage des vieux de se souvenir n'est ce pas ? J'aime bien évoquer mon enfance. Même si elle n'a pas été dorée elle est une partie de ma vie à laquelle je tiens. Et oui : les réunions de famille n'existent plus pour des tas de raisons et certaines futiles. Tu as raison : les enterrements sont maintenant des lieux de rencontre. Et je n'aime pas du tout. J'ai souvent l'impression que beaucoup s'y rendent surtout pour se montrer, faire acte de présence alors qu'en fait ils n'en ont rien à faire.
Escapades.
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