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Escapades.
2 novembre 2019

Escapade solitaire.

011

 

Mais à quoi penses-tu ? Partir pour un long voyage ? Toi ? Tu n'as pas l'âme d'une bourlingueuse ma fille. Tu es plutôt une flâneuse des sentiers perdus, des sous-bois. Tes chemins ne sont connus de personne et n'intéressent que toi.

 

Rien ne t'enchante davantage que de partir dans le petit matin frais de ce début d'été. Cueillir sur les talus la digitale pourprée, la marguerite je t'aime un peu..., le timide bleuet et le coquelicot vermillon qui s'effeuille à peine on le touche, voilà tes vrais petits plaisirs tout simples. Pourrais-tu te passer de l'appel de l'engoulevent, du chant des oiseaux s'affairant dans les buissons qui te caressent au passage de leur chevelure ébouriffée ? Et cet air que tu respires à pleins poumons et qui te fait frissonner délicieusement ? Tiens, fais donc attention ! Marche avec précaution pour éviter les sauterelles bondissant dans l'herbe mouillée. Regarde la cohorte de petits lézards qui glissent sur la murette de pierres sèches à la recherche d'un rayon de soleil. Écoute le bourdonnement confus des abeilles butinant le cœur des fleurs et les stridulations des grillons cachés çà et là dans les graminées.

 

Tu aimes aller toujours plus loin, te laisser entraîner, tout oublier, te perdre un peu... Avoues ! C'est cela le bonheur pour toi non ? Tes pas te guident souvent comme aujourd'hui vers cette forêt en apparence silencieuse et paisible. A peine quelques escarbilles de soleil à travers les chênes pour éclabousser d'or le sol moussu. Tu accélères l'allure là ! Ah ! Voilà ta clairière rafraîchie par l'eau s'échappant en cascatelles d'un ruisselet. Eh ! Toi, l'écureuil tout empanaché de roux, pourquoi files-tu soudain ? Tu as eu vite fait d'acter ma présence n'est-ce pas ? Là, derrière les fougères, s'abritant sous leur grand chapeau abat-jour, se cachent de beaux cèpes . Ton repas pour ce soir, ma belle !

 

Tu es chez toi ici ! Non : tu n'en parles à personne (on se moquerait de toi, voyons ) mais tu sais bien que tu es venue retrouver ton petit monde merveilleux. Pas les vilains trolls frappés d 'agénésie et que leur hideuse apparence rend méchants ! Ceux-là, tu ne veux pas les voir. Ce sont tes lutins farceurs dont tu perçois déjà le souffle léger quand ils te frôlent que tu observes. Ils divaguent en soulevant la mousse, remuant les feuilles, pataugeant dans les flaques de la dernière averse faisant naître des parfums mêlés fleurant l'humus et l'eau de source, avivant l'odeur de menthe sauvage. Les polissons ! Ils ont entrepris de bobiner les fils emperlés de rosée d'une malheureuse araignée blottie peureusement au fond de sa toile. Tu t'amuses de les voir freiner la course des papillons, voler le fardeau des fourmis. Ils rient, les espiègles de leurs tours pendables en brandissant leur bonnet vert tout pointu. Ah ! Les monstres ! Ils ont chapardé ton stylo ! Heureusement, tu avais terminé ta page d'écriture. Et puis, il est temps de quitter ton paradis. La nuit tombe si vite !  

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Commentaires
Y
Merci beaucoup Pivoine.
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P
Ces deux balades sont très joliment écrites...
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Escapades.
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