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Escapades.
6 décembre 2022

Tasseira ou pierre magique.

Pour le Défi du Samedi. Le mot : apotropaïque.

 

En Limousin comme ailleurs sans doute, croyances et superstitions étaient choses communes. S'y mêlait en bonne part la religion. On prêtait bien des pouvoirs aux pierres autant pour protéger du mauvais sort que pour guérir de certains maux. Et ceci depuis l'Antiquité. Je ne sais pas quant à moi si elles ont des vertus apotropaïques mais j'aime les pierres, précieuses, semi-précieuses ou simples cailloux. J'en ramène (cailloux) très souvent de mes balades et même de mes voyages. Leur forme, leur couleur m'attire et j'en ramasse beaucoup...trop. Quant aux soins qu'elles sont censées prodiguer – la lithothérapie – j'aimerais m'y intéresser davantage. Pourquoi pas ? Cette « science » est de nos jours très à la mode et beaucoup s'y raccrochent. Les bracelets « œil de tigre » « obsidienne » « amazonite » etc... font fureur en ce moment. On dit de la malachite qu'elle éloigne le mauvais œil, de l'émeraude qu'elle combat les esprits du mal et de l'ambre qu'elle défend des envoûtements. Ce ne sont que quelques exemples.

Dans ma famille on parlait de cette pierre ronde que l'on nommait la tasseira. Beaucoup de foyers la possédaient ou en rêvaient. Elle était sensée guérir les maladies des yeux. On ne devait pas la prêter sous peine de malheur. Les Romains l'utilisaient déjà et l'appelaient « pierre de l'hirondelle . » Pour se la procurer il fallait saisir dans son nid un bébé hirondelle n'ayant pas encore pris son envol. On lui crevait un œil (!) et la légende raconte que la maman oiseau partait au-delà des mers pour chercher et ramener la tasseira. Elle l'introduisait dans l'œil de son oisillon et il guérissait. On démolissait le nid ensuite à l'automne pour récupérer l'objet convoité. Un geste cruel mais il importait alors de trouver des moyens pour se soigner. Et surtout on y croyait fermement. Il fallait bien se rattacher à quelque chose. On pouvait aussi trouver cette pierre dans la nature. On disait qu'elle était minuscule, blanche et finement polie.

Ici, en Corrèze on connaissait surtout « les tesserous » des petites pierres percées et de différentes couleurs que l'on enfilait au nombre de cinq - ou moins ou plus mais toujours un nombre impair - sur un lacet noir. On le suspendait au cou des personnes que l'on pensait envoûtées pour conjurer le mauvais sort. Il existait encore d'autres moyens étranges pour lutter contre l'emprise maléfique d'un sorcier ou des esprits mauvais. Porter un vêtement à l'envers ou un sachet de sel par exemple vous protégeait si vous en rencontriez.

Une autre anecdote me vient à l'esprit : celle du « bézoard ». C'est une concrétion minérale qui se forme dans l'estomac ou l'intestin des ruminants. Certains sorciers limousins la faisaient monter en bague et cette amulette leur donnait beaucoup de pouvoirs notamment ceux de lutter contre le venin de serpent. Notre ami Walrus aurait pu choisir aussi le mot « abraxas » (peut être l'a-t-il déjà fait d'ailleurs auparavant) Il désigne une autre pierre taillée celle-ci et gravée de caractères magiques. Ce talisman fut crée en Egypte au 2ème siècle et on le portait comme amulette protectrice.

J'ai lu récemment une belle légende indienne. Elle raconte que lors d'une attaque surprise de la cavalerie US contre les apaches, les larmes de leurs femmes se sont transformées en pierres apotropaïques. Celles-ci sont ovales, noires et lisses, transparentes à la lumière du jour. Celui ou celle qui trouve cette pierre miraculeuse ne pleurera plus car la femme apache a pleuré pour lui ou pour elle. Peut être Joye, dans sa lointaine Amérique a-t-elle la chance de posséder un tel trésor ! Je le lui souhaite.

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