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Escapades.
18 avril 2020

Malgré tout, la vie.

Troene

Pour le Défi du Samedi. Walrus nous demande de sauter la haie...de troènes, évidemment ! 

Malgré tout, la vie.

 

 

Non, je ne sauterai pas la haie ! D'abord parce que j'ai perdu ma souplesse d'antan (!) et ensuite parce que c'est interdit. Enfin je me l'interdis. Si je commence à mettre un pied en dehors de mon chez moi, je suis perdue. Va savoir si je me contenterais du kilomètre réglementaire, frein momentanément consenti à notre liberté,  pour le bien de tous ! Quand j'emprunte un chemin je ne sais pas où il m'emmène et m'entraîne. Peu m'importe. Je le suis, c'est tout, perdue dans mes rêveries. Alors, vous pensez : je ne me soucie alors ni de la distance parcourue, ni de l'heure à ma montre.

Mais lassée d'entendre les discours très souvent contradictoires des « logues », je me réfugie, comme chaque jour depuis un mois, à l'ombre de mes troènes pour prendre l'air. La nature, goguenarde, n'en finit pas de s'y montrer sous des verts insolents. Le soleil a chauffé ses rayons comme en plein été. Les fleurs des tulipiers et camélias quittent comme à regret, pétale après pétale, les branches des arbustes pour joncher le sol de rose, de rouge et de blanc couleur de lin et de nacre. L'or des forsythias rivalise avec celui des tulipes et le vieux pommier laisse craquer ses bourgeons pour délivrer ses délicates fleurs blanches teintées de rose vif. Un enchantement !

Et quel tintamarre autour de moi ! Les oiseaux n'en finissent pas de lancer leurs trilles, de voleter de ci, de là emportant dans leur bec des brins de laine de verre arrachés sous les avants toit de la maison. D'autres ont fouillé le compost à la découverte de quelques vermisseaux qu'ils s'empressent de distribuer à leur marmaille affamée. La haie bruisse et palpite de vie. Je frémis de ce printemps splendide qui fait la nique à la peur des hommes.

A mes pieds, la terre silencieuse et souveraine éclate de pousses tendres et fragiles dont la vigueur, cependant, s'affirme jour après jour, incroyable miracle sans cesse renouvelé. Bourdons et papillons se posent, repartent, reviennent dans une danse folle, agacés par les senteurs puissantes et sucrées émanant des fleurs de troène. Sur les fils, là-haut, au-dessus du rosier grimpant, rouge du sang de ses roses épanouies au parfum capiteux, roucoulent deux tourterelles en mal d'amour.

J'observe, fascinée, ma voisine l'araignée, emmaillotant patiemment un moucheron dans sa toile. Je caresse distraitement les pages du livre ouvert devant moi. Je n'ai pas lu une seule ligne. La nature n'est-elle pas le plus beau, le plus complet, le plus mystérieux des ouvrages ? En même temps je m'interroge sur les capacités de l'homme à s'en faire une alliée. Aurions-nous atteint les limites de notre royaume ? Prenons garde !

Le poète « à la veste de soie rose »est parti cette nuit retrouver un paradis perdu. Un paradis où il chanterait pour l'éternité « les mots bleus, ceux qui rendent les gens heureux. » Je le souhaite mais existe-t-il dans un ailleurs un autre paradis ? Je crois que nous devrions, tout d'abord préserver celui dans lequel nous vivons - même s'il n'est pas parfait – et que nous nous escrimons à anéantir en le saccageant toujours un peu plus.

Mon jardin est mon paradis que la nature rend lumineux en ces jours de tristesse. Que c'est bon de s'y exiler quelques heures pour écouter l'hymne à la vie !

Demain il fera beau.

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